a mort brutale du chef d’orchestre et trompettiste Don Ellis, le 18 décembre 1978, à l’age de 44 ans laissa un grand vide dans le monde de la musique. Excellent soliste, Ellis laissera le souvenir d’un grand leader de big band de la période 1965-78, L’image de marque de ses différents groupes fut toujours l’habileté à swinguer autant qu’à improviser.

vant qu’Ellis ne forme son premier big band, pratiquement toutes les musiques, jazz et populaires, étaient jouées en 4/4, 4 temps par mesure, On disait souvent que la musique n’aurait pu swinguer sur aucun autre temps. Et ce fut à Don Plus qu’incomba la tache de montrer à un grand orchestre comment swinguer en 7/4. Mais il était difficile de trouver un batteur qui puisse jouer ces rythmes, et certains grands noms de la batterie se trouvaient perdus après quelques mesures lors des auditions. Ellis dû apprendre à l’orchestre comment jouer ces rythmes, et lorsqu’il en fut capable, ce fut un tournant, car les musiciens s’aperçurent qu’ils pouvaient alors déchiffrer n’importe quel exemple de rythme. La barrière du temps s’était brisée. “J’essayais de faire jouer un morceau en 7 à l’orchestre d’une façon naturelle, ceci pris environ une année avant que les musiciens se sentent à l’aise” rappelle Don.
 
onald Johnson Plie s’intéressa aux rythmes dès son enfance. Né le 25 juillet 1934 à Los Angeles, Ellis entendit beaucoup de musique très tôt du fait que sa mère était organiste d’église. “Je me rappelle principalement avoir été intéressé par la musique rythmée. Je pouvais passer des heures à n’écouter que des marches. Harry James fut le premier musicien à avoir captivé mon oreille”.

on commença à prendre des leçons de trompette lorsqu’il était encore très jeune. Très tôt, il eut déjà son petit orchestre appelé The Jive Five, qui jouait pour les bals des écoles. Plus tard pour sa capacité à apprécier aussi bien qu’a jouer une musique variée, Don Ellis eut toujours l’esprit ouvert et le désir d’apprendre: “J’étais intéressé par toutes les façons d’approcher la trompette. Les premiers disques que j’ai achetés étaient un Louis Armstrong « Hot Five » et “Manteca” par Dizzy Gillespie. Je ne connaissais rien au jazz, je savais juste que s’étaient d’excellents trompettistes”.
Don Ellis dirigea des orchestres de dance pendant ses études secondaires. Il déménagea vers la cote est pour s’inscrire à l’Université de Boston et reçut une licence de musique en 1956. Après une courte période avec l’orchestre de Glenn Miller, puis sous la direction du batteur Ray McKinley, Ellis partit faire son service militaire. Heureusement, les 2 années qu’il passa dans l’armée furent bénéfiques pour lui, car Don Ellis fut stationné en Allemagne et joua dans plusieurs orchestres de l‘armée. “Nous pouvions jouer du jazz chaque nuit, et écrire nos propres arrangements. Nous avions carte blanche pour expérimenter autant que nous le désirions”. Un des orchestres avec lequel il joua comprenait également les saxophonistes Eddie Harris, Leo Wright et Lanny Morgan ainsi que le pianiste Cedar Walton.

e retour à New York en 1958, Ellis travailla comme accompagnateur dans différentes formations pendant les quelques années qui suivirent, parmi lesquelles les groupes dirigés par Charlie Barnet, Kenny Dorham, Sam Donahue, Claude Thornhill, Woody Herman, Lionel Hampton et Maynard Ferguson. Il apparaît sur 4 morceaux d’un disque de Charlie Mingus en 1959: “Mingus dynasty”, mais n’y prend aucun solo.

n des premiers solos d’Ellis sur disque se trouve sur le titre “Three more foxes”. Rivalisant avec Maynard Ferguson et Rick Kiefer sur ce blues rapide, Ellis affiche déjà un son reconnaissable, son style familier en staccato (noires détachées) et un sérieux sens de l’humour. Bien qu’il n’atteigne pas les hautes notes héroïques de Ferguson, Ellis s’en tire bien. “Three more foxes”, enregistré en 1960, se trouve sur le très bon double album de Maynard Ferguson: “A message f rom Newport /Newport suite”.

e premier enregistrement important pour Don Ellis fut son premier en tant que leader, “How time passes” en octobre 1960. A cette époque, Don Ellis était particulièrement influencé dans son écriture (4 des 5 compositions de cet album sont d’Ellis) par Charlie Mingus, Ornette Coleman et la musique classique contemporaine. On retrouve dans le quartet qui a enregistré ce disque d’excellents accompagnateurs: Jaki Byard au piano et à l’alto, le bassiste Ron Carter et le batteur Charlie Persip. Ce premier album fut marquant pour Don Ellis, qui en 1960 possédait déjà une parfaite maîtrise de la trompette et une imagination très créative.
En 1961, Don Ellis dirigeait un trio et jouait au Village Vanguard de New York. Il enregistra “New ideas” avec le même quartet que pour le premier album plus le vibraphoniste Al Francis. Ce disque n’atteint pas les sommets créateurs de “How time passes”, semblant même plus conventionnel bien que représentant tout de même une solide performance.

urant les années 1961—62, Ellis fit parti du groupe “progressif” de George Russell et enregistra un album avec lui. En 1962, Don dirigeait un nouveau quartet comprenant le pianiste Paul Bley et le bassiste Gary Peacock. Ils enregistrèrent l’album “Essence” et firent une tournée en europe. Durant cette tournée, Ellis présenta des « happenings ». Comme il l’explique: “Nous avions l’impression que tout ce qui arrivait durant le concert en faisait partie. Ce qui voulait dire aussi la façon dont nous parlions ou nous nous tenions, nos visages, nos expressions. Ca comprenait aussi les choses que nous faisions en jouant.
…Une fois, le pianiste, à la fin de son solo se leva et versa du sel dans le piano comme si cela faisait parti de son solo”.

’autres fois, les gens rampaient autour et sous le piano, ou bien le pianiste se tenait là, avec un pinceau, peignant le piano, puis s’en servant sur les cordes. C’était un happening”.
La période des “happenings” ne dura pas longtemps. Fin 1962, Don Ellis revint en Californie pour suivre des études au département de la musique de l’UCLA (University of California in Los Angeles). C’est là qu’il rencontra Hari Har Rao, un joueur de sitar indien qui enseignait dans une classe de musique indienne. Ellis, qui commença à apprendre en privé avec Rao, avait déjà entendu de la musique indienne avant, mais n’avait pas réalisé combien elle était complexe avant sa rencontre avec Rao. “Je connaissais le rythme, le swing, le temps et les différentes mesures. J’avais déjà écrit une pièce en 19/4 avant de rencontrer Han Har, mais ce ne fut qu’après ma rencontre avec lui que je réalisais combien les musiciens indiens étaient en avance rythmiquement et combien notre culture était en retard. C’est quand on comprend les subtilités de leur musique que l’on voit comment elle est incroyable”.

vec Rao, Ellis forma le Hindustani Jazz Sextet. De Rao, Don se rappelle: “Il révéla d’inimaginables nouveaux mondes  de rythme que lui et son professeur, Ravi Shankar, avaient développés. J’appris des exercices pour augmenter l’habileté à superposer des exemples de rythmes compliqués les uns sur les autres, les façons de toujours être prit à trouver ma place dans un cycle donné, quelle que soit sa durée ou son degré de complication”. Le Hindustani Jazz Sextet était un groupe populaire, qui jouait fréquemment sur la côte ouest, mais ils furent incapable d’intéresser aucune compagnie de disque avec leur combinaison de jazz improvisé et de rythmes indiens.

urant l’été 1963, Don Ellis décida de former son premier grand orchestre. Il sentait que ce pourrait être une façon pour plus de musiciens de découvrir la nouveauté des rythmes inusités alors. L’orchestre répéta chaque mercredi durant 6 mois mais se sépara quand Ellis décida de retourner dans l’Est pour s’inscrire à l’école de musique Estman de Rochester près de New York.

lors qu’il suivait les cours, en 1964, Don Ellis jouait avec plusieurs petits groupes parmis lesquels un combo qu’il dirigea à Buffalo, et qui comprenait 2 bassistes et 2 batteurs. C’est à cette époque qu’Ellis apprit à jouer de la batterie, il pouvait ainsi montrer à ses batteurs quels rythmes il désirait.

urant l’été 1965, Don Ellis, maintenant âgé de 31 ans, retourna à Los Angeles où il reforma le Hindustani Jazz Sextet avec Hari Har Mao. Mais une fois de plus, aucun contrat d’enregistrement ne fut offert, et moins d’un an plus tard, la formation se dispersa.

ais ce qui est plus important, c’est qu’à la même époque, Don Ellis commença à former un grand orchestre. Pas simplement un orchestre typique de swing à la Count Basic, mais plutôt une formation où pourraient apparaître des innovations et quelques indicatifs swinguant. Pour commencer, Ellis auditionna et répéta chaque semaine au Musicians Union Hall de Los Angeles. Après que les musiciens furent choisis, la formation commença à jouer au Club Havana chaque lundi soir à compter de septembre 1965. Plus tard, l’orchestre joua également dans un club appelé Bonesville. La plupart des membres du groupe étaient ou musiciens de studio ou musiciens semi-professionnels, et n’avaient donc que peu de temps à consacrer à une activité non payée.

’orchestre de 20 membres que Don Ellis forma consistait en 5 trompettes, 3 trombones, 5 saxophones, un pianiste organiste, 3 bassistes, 2 batteurs et un percussionniste. L’ampleur de la section rythmique donnait à l’orchestre à la fois une plus grande variété de sons et un potentiel rythmique qu’aucun autre groupe de jazz n’avait alors. Au début, l’orchestre jouait principalement des tubes de Jaki Byard, mais après sa première année d’existence, beaucoup de nouvelles compositions d’Ellis, de l’arrangeur Hank Levy et de quelques membres de l’orchestre furent ajoutées. A cette époque, Don Ellis commença à jouer d’une trompette à 4 pistons, spécialement étudiée, et qui lui permettait d’utiliser les quarts de tons dans ses improvisations. Mais l’orchestre ne jouait pas beaucoup en public, jusqu’à ce qu’il fut invité au Festival de Jazz de Monterey en 1966.

e concert du Don Ellis Orchestra fut enregistré et réalisé sous le titre “Live at Monterey”. La réaction du public fut très enthousiaste. Les solos de Don Ellis furent exceptionnels, on trouvait même un tout jeune Tom Scott à l’alto solo sur “Passacaglia fugue”. La foule se leva lors d’un morceau de bravoure des percussionnistes et l’orchestre fut vraiment la vedette du festival, de même que le concert devint légendaire.

rois semaines après Monterey, l’orchestre de Don Ellis apparu au Pacific Jazz Festival. 3 pièces de ce concert plus 5 autres enregistrées au club de Shelly Manne Hole à Los Angeles furent réalisées sur “Live 32/3/4 time”. 2 percussionnistes temporaires portaient la section rythmique à 5 et l’orchestre à 22 musiciens. Bien que moins essentiel que “Live at Monterey”, l’album n’en présente pas moins d’excellents moments.

n novembre 1966, Don participe à l’enregistrement du morceau “Brown shoes don’t make it” qui figurera sur le second album des Mothers of Invention “Absolutely free”.

ourant 1967, le son de l’orchestre de Don Ellis commença à changer. Le groupe s’orienta vers les instruments électroniques, les cuivres utilisant des micros et le pianiste Mike Lang utilisant un piano électrique. La signature d’un contrat avec Columbia permit à l’orchestre de jouer plus souvent en public. Ainsi Ellis joua au Festival de Jazz de Newport et remporta à nouveau un grand succès au Festival de Jazz de Monterey.

e premier album de Don Ellis pour Columbia, “Electric bath” fut un gros succès. Sur “Open beauty”, il fut le premier à utiliser une chambre d’écho avec boucle à retardement qui lui permettait de jouer des duos et des trios de trompettes seul, sans accompagnement. Ce disque est exceptionnel et permet de mesurer le chemin parcouru par Ellis dans l’innovation en quelques années.

’album suivant de Don Ellis, “Shock treatment” est moins existant que “Electric bath”. Il contient quelques bons passages, et l’utilisation des voix sur 2 titres est plaisante, mais les mélodies sont pour la plupart sans intérêt et ne resteront que peu de temps au répertoire de Don Ellis. Ce premier orchestre semblait avoir atteint un certain niveau et paressait devoir maintenant décliner.

ien que certains musiciens firent parti de plusieurs formations, Don Ellis dirigea 4 grands orchestres différents dans sa carrière. Le premier s’arrêta en 1968 quand Ellis décida d’utiliser un personnel plus flexible qui pourrait utiliser des équipements électroniques et jouer un matériel plus influencé par le rock, en plus des standards de jazz. Durant cette période, Ellis voyagea en Europe ou il fut la vedette des Journées du Jazz de Berlin en dirigeant des musiciens allemands jouant ses arrangements complexes comme sur “Milestones”, en 7/8. Son sens, de l’innovation lui valu aussi quelques critiques de la part des journalistes américains qui pensaient qu’il se servait de ces changements de temps comme de gimmicks, comme s’il était incapable de swinguer en 4/4.

live Davis, président des disques Columbia, présenta un jour Don Ellis à Al Kooper, qui à l’époque était producteur et membre de Blood, Sweat & Tears qui alors était le groupe “progressiste” de pointe. Ia presse avait comparé le Don Ellis Orchestra avec B,S&T, encensant les 2 groupes. Lorsque Al Kooper quitta B,S&T et enregistra son premier album solo ; il fit appel à Don Ellis qui signa l’arrangement de la reprise de “Coloured rain” de Stevie Winwood, de plus, c’est son orchestre qui joue sur ce titre. De cette rencontre naquit un projet d’enregistrement qui se concrétisa au retour d’Europe de l’orchestre de Don Ellis. Al Kooper enregistra le groupe live à l’Université Stanford de Palo Alto, et 2 morceaux:”K.C. blues” de Charlie Parker et “Indian lady” furent extraits de cette bande pour être inclus dans le nouvel album du second orchestre: “Autumn”, produit par Al Kooper. Ce deuxième groupe conservait plusieurs membres du premier et comprenait également quelques solistes de talent comme les saxophonistes ténor John Klemmer et Sam Falzone et le tromboniste Glenn Ferris. Début 69, cet orchestre completa ce qui est maintenant la pièce maîtresse de l’oeuvre de Don Ellis: « Autumn ». Tous les morceaux de ce disque sont exceptionnels, comprenant “Pussy wiggle stomp” qui sera longtemps le morceau joué en rappel par Ellis lors de ses concerts. Les critiques s’accordent à reconnaître que cet album est le meilleur de Don Ellis.

’enregistrement suivant : “The New Don Ellis Band goes underground” est beaucoup plus commercial. La plupart des 12 morceaux font moins de 4 minutes et présentent des arrangements sans imagination, comme la reprise du “Higher” de Sly & the Family Stone ou encore celle de “Eli’s comin’” de Laura Nyro, vestige des sessions produites par Al Kooper, dont il reprend au passage le titre “House in the country”. La présence de la chanteuse Patti Allen sur quelques morceaux n’arrange rien, et la seule pièce qui brille un peu est “Bulgarian bulge”, une bonne composition qui sera à nouveau enregistrée sur l’album “Tears of joy”.
Le double album “Don Ellis at Fillmore”, sorti en 1970, est un bien meilleur exemple de l’habileté d’Ellis à communiquer avec le public rock tout en gardant son intégrité artistique intacte. Enregistré live au Fillmore West de Bill Graham, ceci est l’album le plus électrique de Don Ellis. Il utilise le ring modulator dans plusieurs solos de trompette, et le solo de guitare de Jay Graydon sur “Final analysis” passe par un tube en plastique se trouvant dans sa bouche! L’orchestre de 20 membres ne comporte maintenant qu’un seul bassiste, Ellis joue également de la batterie, ce qui fait 4 percussionnistes dans le groupe, dont l’excellent batteur Ralph Humphrey, qui a déjà traversé plusieurs ensembles de Don Ellis et rejoindra Frank Zappa et ses Mothers en 1973 dans une formation qui sera une des meilleures, instrumentalement, présentée sur scène par Zappa. Ralph Humphrey deviendra ensuite un musicien de studio très prisé, qui, s’il n’a pas la popularité d’un Jeff Porcaro, en possède largement les qualités techniques.

l y a beaucoup de grands moments sur “Don Ellis at Fillmore”. Le groupe est au sommet de son talent. Le final incroyable de “Final analysis”, satire de la musique classique, la cadence effrénée de John Klemmer sur « Excursion II », le solo absurde d’Ellis sur “Hey Jude” des Beatles, l’omniprésence de Ralph Humphrey, et une nouvelle version de “Pussy wiggle stomp” avec sa reprise manquée après le solo de Don, en sont les points culminants.

u début de 1971, Don Ellis forma la troisième version de son orchestre. Gardant 4 des 5 saxophonistes (John Klemmer est parti), ainsi que les percussionnistes, mais remplaçant tous les autres, Ellis se retrouve avec un nouveau groupe et un son sensiblement différent. Cette formation enregistra 3 albums sans jamais fournir tout son potentiel.

ears of joy”, un double album, ne fut pas loin pourtant de capturer le potentiel de ce groupe, s’éloignant de l’électronique, le jeu de trompette de Don Ellis n’en demeurait pas moins constamment excellent.

ien qu’en 1969, Ellis ait déjà écrit la musique du film “Moon zero two”, ce n’est qu’en 1971, lorsqu’il écrivit celle de “The french connection” que l’on nota enfin son talent à Hollywood. Il reçut un prix pour cette musique dans la catégorie du meilleur arrangement musical, et par la suite, il écrivit pour d’autres films tels que “The Kansas City bomber”(1972), “The seven-ups”(1973) et “The french connection II”(1975).

n 1972, le big band de Don Ellis enregistra “Connection” un album qui comprenait le “Theme from the french connection” ainsi que des versions de plusieurs hits d’alors. Dans l’ensemble, c’est une réalisation commerciale qui supporte mal la comparaison avec les premiers disques de Don Ellis. Néanmoins, il est de loin supérieur à “Soaring”, le dernier enregistrement du troisième orchestre d’Ellis. A l’exception de “Invincible” qui montre l’incroyable habileté à l’alto de Vince Denham, ceci est un disque très lourd, et le son de l’orchestre est des plus banal. En décembre 1973, Don Ellis dispersa le groupe.

aiku”, un inhabituel album de ballades, fut enregistré en 1974 avec un orchestre de 22 membres dont 18 cordes. Don programma un voyage au Brésil avec tout l’orchestre. En concert, avec son nouveau groupe, il commença à introduire des rythmes de samba et il s’adjoint un choeur vocal de quatre membres. Mais commencèrent à intervenir quelques problèmes de santé. Au printemps 1975, Ellis eut des ennuis cardiaques, et après une trop forte dose de médicaments, il eut une attaque durant l’été. Il dût s’éloigner de la musique durant un an avant d’être remis sur pied.

ais durant l’été 1976, Don Ellis revint à la musique, conduisant à nouveau un autre grand orchestre. Au début Don n’était pas suffisamment solide physiquement pour jouer de la trompette, et il ne fut jamais apte à rejouer de la batterie, mais progressivement, il retrouva ses forces et pu rejouer de la trompette.

977, Ellis fit l’erreur d’enregistrer “Music from other galaxies and planets”, un album très lugubre. utilisant des musiciens de studio, Ellis dirigea l’orchestre à travers 2 thèmes de “Starwars” et quelques originaux inspirés par la science fiction. Néanmoins, Don eut le privilège d’enregistrer la première version pop du thème de “Starwars” qui ne se vendit d’ailleurs pas.

on Ellis eut un excellent quatrième orchestre. Apparaissant au festival de Montreux en 1978, le groupe enregistra “Live at Montreux”. Voici ce qui devait être le dernier enregistrement de Don Ellis et qui clôturait sa carrière en apothéose. La formation de 23 membres joue 6 nouvelles compositions de Don Ellis brillamment arrangées. Après quatre albums nettement plus faibles, Don Ellis revenait au sommet.

a mort, le 18 décembre 1978 fut un choc pour le monde du jazz. Durant les 44 années de sa vie, il apporta d’importantes contributions au monde de la musique, et la moindre n’est pas son ouverture d’esprit ni son désir d’échange de connaissance musicale. Malheureusement, aujourd’hui, aucun autre groupe majeur ne joue plus dans cet esprit. Il reste néanmoins les enregistrements, et 1’influence, même minime qu’a pu avoir Don Ellis sur des musiciens comme Al Kooper ou Frank Zappa, qui lors de son expérience Grand Wazoo Orchestra n’était pas si éloigné de 1’esprit qui animait Don Ellis.. En est pour preuve le nombre de musiciens qui ont émaillé les différentes formations de Zappa venant de chez Ellis, et F.Z. est connu pour son exigence de ce côté là. Voyez plutôt, les musiciens suivants ont joué chez les 2: Mike Altschul(sax, flute), Dennis Budimir(guitar), Tommy Tedesco(guitar), George Duke(keyboards), Michael Lang(keyboards), Glenn Ferris(trombone), Johnny Guerin(drums), Ralph Humphrey (drums), Carol Kaye(bas.), David Parlato(bass), Ed Mann (percussion) et Emil Richards(percussion).

eux qui apprécient la période Grand Wazoo / Waka Jawaka peuvent sans crainte écouter “Autumn” et “Don Ellis at Fillmore”, car sans y retrouver d’exactes similitudes techniques, ils y sentiront un même souffle, qui permet à un orchestre de 20 musiciens de casser la baraque !...


Jean-Marie Orliange
(Une partie de cet article est une adaptation libre d’une biographie parue dans le magazine américain Record Review, en juin 1979).

DISCOGRAPHIE (sélective en temps qu’accompagnateur) réf. US
- avec Charlie Mingus :
“Mingus dynasty” (Columbia CSP 8236) 1959
- avec Maynard Ferguson :
“A message from Newport/Newport suite”
- avec les Mothers of Invention :
“Absolutely free” (Verve V6 5013) 1967
(2LP Roulette RE—116) 1960
(sur “Brown shoes don’t make it’)
- avec Al Kooper :
“I stand alone” (Columbia CS 9718) 1968 (avec son orchestre sur “Coloured ram”)

En solo:
“How time passes” (Barnaby Candid Jazz BR—5020) 1960
“New ideas” (Prestige 7607) 1961
“Essence” (Pacific Jazz PJ—55) 1962
“Live at Monterey” (Pacific Jazz PJ-.10112) 1966
“Live 32/3/4 time” (Pacific Jazz PJ—10123) 1966
“Electric bath” (Columbia CS 9585) 1967
“Shock treatment” (Columbia CS 9668) 1968
“Moon zero two” (B.0.F.) 1969
“Autumn” (Columbia US 9721) 1969
“The New Don Ellis Band goes underground” (Columbia
CS 9889) 1969
“Don Ellis at Fillmore” (2LP Columbia G 30243) 1970
“Tears of joy” (2LP Columbia G 30927) 1971
“The french connection” (B.O.F.) 1972
“Connection” (Columbia KC 31766) 1972
“The Kansas City bomber” (B.0.F.) 1973
“Soaring” (MPS MB 25123) 1973
“The seven-ups” (B.O.F.) 1973
“Haiku” (?) 1974
“The french connection II” (B.0.F.) 1975
“Music from other galaxies & planets” (Atlantic SD 1822T) 1977
“Live at Montreux” (Atlantic SD 19178) 1978